À mi-chemin entre graphisme urbain et art instinctif, Sérapis tente d’aller au delà des codes classiques de la peinture. Originaire du Congo, l’artiste a grandi en Allemagne, avant de s’établir en France dans les années 1990.

Doté de couleurs franches, souvent primaires, et d’un trait continu, appuyé, qui fait sa signature, le style de Sérapis frôle le surréalisme tout en prenant les codes d’un mouvement fluide et libre qui offre relief à notre imaginaires. Sa ligne se situe entre écriture automatique et énigme labyrinthique.

Intimement lié à la pop-culture, au hip-hop, à la soul, mais aussi de la culture japonaise, ses œuvres transgresse le cadre pour s’installer dans les espaces vivants : murs, sols, miroirs, écrans. Il défie la notion de plan pour créer sa propre perspective en superposant les traits, allégories des dimensions spirituelles multiples des individus qu’il représente. Sérapis utilise la symbolique des icônes — langage universelle — pour mieux calquer dans ses œuvres ses émotions profondes, souvent sombres et exprimer la dualité du cœur humain. En cela, son travail est beaucoup plus viscéral que cérébral, plus descriptif que contemplatif. Il recouvre l’espace tout autour de celui qui l’observe comme nos ancêtres communiquaient via leurs peintures rupestres. Il n’est cependant pas interdit d’y voir une dimension mystique, tant un esprit commun rapproche les peintures primitives et l’art mural des villes modernes, au-delà des époques, et relie les âmes. Mais on peut y déceler aussi une recherche autothérapeuthique ou l’artiste viendrait épancher et panser ses névroses et, peut-être même, celles de son public.