Sandrine Castellan
Sandrine Castellan construit son œuvre comme un dialogue entre le tangible et l’invisible, entre la présence et l’évanescence. Photographe d’origine française, elle a d’abord tracé son chemin dans l’univers de la mode et de la beauté, collaborant avec de grandes maisons et signant des campagnes qui portent son empreinte singulière : un équilibre entre force et fragilité, mystère et éclat. Installée à Montréal après avoir vécu à Paris et New York, elle engage aujourd’hui un tournant vers l’art contemporain, où son regard sur la féminité devient une matière plus introspective, plus ouverte à l’interprétation.
Si la mode lui a appris à composer avec la lumière et à orchestrer l’image, c’est dans l’exploration artistique qu’elle trouve désormais une liberté nouvelle, celle d’un langage où chaque photographie est un fragment d’histoire suspendue. Son travail ne cherche pas à capter une essence figée de la féminité, mais à en révéler la mouvance, la multiplicité, les tensions qui la parcourent. Ses portraits évoquent des figures en mutation, des identités fragmentées, des instants où l’intime et le théâtral se superposent.
Influencée par la danse contemporaine, la poésie et le Féminin autant que par la photographie contemporaine, Sandrine Castellan joue avec des références subtiles qui nourrissent ses compositions. L’ombre et la lumière y deviennent des forces narratives, façonnant des atmosphères oniriques où chaque détail compte. Ses modèles, souvent cadrés dans des postures qui oscillent entre abandon et contrôle, semblent toujours sur le seuil d’une révélation, comme figés dans un entre-deux qui appartient autant au rêve qu’à la réalité.
Son approche photographique repose sur une tension constante entre maîtrise et lâcher-prise. Travaillant autant en studio que dans des environnements naturels ou architecturaux, elle cherche à instaurer une dynamique où l’image se construit dans un échange, un moment de vulnérabilité partagée. Chaque série devient ainsi une exploration, une tentative de saisir l’insaisissable.
Son exposition inaugurale, en avril 2025, à la Galerie Maison Keï Akai marque un passage, celui d’une artiste qui, après avoir sculpté l’image pour l’industrie de la mode, s’empare de la photographie comme d’un médium d’exploration intime et poétique. Son travail ne se donne pas comme une réponse, mais comme une question ouverte, un espace où le regard du spectateur devient le dernier élément du récit.